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24 septembre 2021

Airbus UpNext, les passionnés de la transformation de l’aéronautique

 Innovation 

Neil Patacchini TBS MASTER RH & MNGMT, 2019
HR Business Partner Airbus UpNext






Neil, vous êtes diplômé de TBS depuis 2019, pouvez-vous nous donner un rapide aperçu de votre parcours professionnel ?

Bonjour, et merci d’avoir organisé cet échange.

Après une expérience professionnelle relativement diverse, mais toujours en lien avec le service au client, interne ou externe à l’entreprise, j’ai entamé une reconversion dans les ressources humaines, qui me semblait être un levier important et parfois sous-exploité de la performance économique des entreprises. 

J’ai notamment intégré le Mastère Spécialisé Expert en Ressources Humaines au sein de TBS, promotion Simone Veil, poursuivant en parallèle une alternance commencée au sein d’Airbus SAS en 2017. 

A la suite de cette période de formation, j’ai eu l’opportunité de pouvoir occuper deux postes successifs de HR Business Partner (responsable RH de proximité) pour, dans un premier temps, Airbus Opérations SAS puis, actuellement, Airbus UpNext.

 

Vous travaillez chez Airbus UpNext, filiale d’Airbus. Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Avec plaisir! Airbus UpNext a été créée en 2017, à l'initiative du comité exécutif et sous l’égide de la direction technologique du groupe Airbus. Elle s’appelait alors Airbus ExO Alpha. ExO pour Exponential Organization, inspiré par un concept porté par Salim Ismail, auteur d’un ouvrage du même nom, dont le principe est de développer une entreprise équipée afin d’être en mesure de rapidement faire face au changement. 

L’ambition principale d’Airbus UpNext est ainsi de développer et tester pour le groupe Airbus, et dans de très courts délais (2 à 3 ans, en moyenne), la viabilité de futures technologies potentiellement amenées à être employées dans l’industrie aérospatiale et ce au travers de démonstrateurs. 

L’objectif est de s’assurer qu’Airbus soit et reste le fer de lance de la transformation de l’industrie aéronautique et spatiale.

Vous aurez peut-être entendu parler du démonstrateur ATTOL (Automatic Taxi, Take-off, & Landing) qui a permis de démontrer en 2020 la faisabilité pour l’appareil équipé de la technologie (ici un A350 de test) d'effectuer ces phases en toute autonomie, ou bien actuellement le démonstrateur fello’fly qui, pour synthétiser, reprend et applique de manière semi-autonome le principe du vol en formation des oiseaux afin d’améliorer la performance de tout avion, et de réduire ainsi son empreinte carbone.

Une autre des ambitions d’Airbus UpNext est d’agir en tant qu’incubateur. 

Du fait de la structure organisationnelle très horizontale des équipes, de l’approche end to end (puisque chaque démonstrateur aborde en général à toutes les phases de développement, de la conception jusqu’aux essais), et de la culture Fail Fast, chacun de nos collaborateurs peut nous rejoindre en tant qu’expert dans son domaine, mais va aussi développer on-the-job d’autres compétences nécessaires pour développer ces technologies très innovantes. 

Nous avons affaire à des passionnés, avec une envie d’explorer plusieurs pistes et d’aborder les choses différemment! Nous souhaitons les accompagner au mieux dans leur développement, et dans leur choix de carrière par la suite - car trois années passent vite quand on est passionné !

Aujourd’hui, le rôle du HRBP à Airbus UpNext est de soutenir les cycles de lancement et de clôture des démonstrateurs, y compris en accompagnant la montée en compétences tout au long de ceux-ci, et la préparation des prochaines étapes de carrière des salariés. Notre mission est aussi de répondre aux besoins RH de chaque salarié, en s’appuyant sur le support de nos partenaires paie et juridique et de contribuer à la définition de la politique RH de demain, en essayant de tester des approches innovantes.

 

Comment votre entreprise a-t-elle vécu la crise ? Comment s’est-elle adaptée ?

De par son modèle, Airbus UpNext est adaptée aux environnements V.U.C.A., et de ce fait, a été un peu moins affectée. Néanmoins, la crise a eu un tel impact économique sur le secteur aérospatial qu’Airbus UpNext a été amené à recentrer et réévaluer une partie de son activité. L’organisation de l’entreprise, au service des projets, doit par nature accompagner le turn-over naturel des effectifs, inhérent à la durée de vie limitée de ces projets.

Afin de permettre aux salariés de poursuivre leur activité dans les meilleures conditions possible, et en accord avec les directives gouvernementales, le travail à distance a été favorisé. L’entreprise a toujours été ouverte à une organisation équilibrée du télétravail, nos métiers y étant pour la plupart parfaitement adaptés. Le déploiement d’un nouvel espace de travail numérique, déjà initié avant la pandémie, a été accéléré pour répondre à ces besoins. 

Nous restons vigilants aux risques inhérents à cette pratique, dont l’hyperconnexion et l’isolement, pouvant mener à terme à des risques psycho-sociaux. Il est notamment primordial de maintenir l’unité dans les équipes et dans l’entreprise. Le management de proximité est souvent clé durant ces périodes.

 

Le monde de l’aéronautique dans lequel vous évoluez a subi un vrai choc avec la crise du COVID. Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez en particulier qui répondent à la prise de conscience écologique qui s’est accélérée avec la crise sanitaire ?

Airbus n’a pas attendu la pandémie pour innover et construire une aviation durable. Ces sujets sont plus que jamais au cœur de la stratégie. Les appareils génèrent aujourd’hui 80% d’émissions de CO2 en moins par fauteuil, par kilomètre qu’il y a 50 ans tout en étant 75% plus silencieux.

En effet, plusieurs projets sont en cours ayant pour objectif de réduire les émissions à effet de serre, notamment avec la mise en service, souhaitée d’ici 2035, d’un avion propulsé par Hydrogène. Cependant, il n’y a pas de solution unique. C'est pourquoi Airbus propose des projets de développement autour de l’utilisation de carburants durables (Sustainable Aviation Fuel) ou de l’optimisation de la performance des avions à travers d’améliorations structurelles et technologiques.

Par exemple, au sein d’Airbus UpNext, nous avons également le démonstrateur ASCEND, visant à optimiser un système de propulsion électrique ou hybride en déployant la supraconductivité dans un environnement cryogénique. Ce projet permettrait une amélioration des performances à travers l'allègement des systèmes et donc une consommation réduite de carburant. Il soutient Airbus dans son ambition d’une aviation durable et résiliente pour les générations futures. 

Au-delà de ses produits, Airbus et ses salariés ont également pris des engagements ayant pour but de réduire l’empreinte énergétique au travers de leurs pratiques quotidiennes et ainsi contribuer aux objectifs de développement durable des Nations Unies.


Avez-vous profité du contexte pour innover au sein de votre activité ? Comment ? 

La gestion des ressources humaines en ce temps de crise a d’abord amené en priorité à adapter les actions à valeur ajoutée pour assurer l’essentiel, avec un pic de charge renforcé. Afin de faciliter ceci, divers outils de communication numériques ont été déployés dans le groupe (chatbot, interfaces de gestion des requêtes, ...), et d’une manière globale, tous les processus RH ont été adaptés à une application numérique. 

Nous sommes conscients qu’il y aura toujours de la place pour de l’amélioration et nous souhaitons pouvoir renforcer le support que nous apportons aux démonstrateurs et à nos salariés. D’autres initiatives sont également en cours d’étude au sein d’Airbus UpNext, permettant de tester des approches innovantes en matière de gestion des ressources humaines. 

Des phases d’études pilotes ont été lancées au sein d’Airbus UpNext afin d’identifier les conditions optimales permettant l’hybrid working (alternance de travail effectué sur site et à distance, et au travers ici de zones de travail communes). L’objectif est, entre autres, de repenser progressivement l’aménagement de nos espaces de travail en axant leur configuration autour des activités qui y sont pratiquées et des besoins de l’équipe, mais celui-ci est également en phase avec notre ambition de tester de nouvelles façons de travailler.


Comment imaginez-vous l’avenir du transport et des échanges internationaux de demain à l’issue d’une telle crise ? La compétition mondiale peut-elle se reconstruire sur une conscience écologique ?

Cette prise de conscience me semble être une opportunité d’innover, avec la volonté affichée de la part de plusieurs acteurs, dont les gouvernements, qui serait réellement motrice.

On a vu que l’on pouvait s’appuyer sur des outils digitaux afin de maintenir une partie des échanges, mais la dématérialisation n'est pas neutre pour autant, puisque l’augmentation de ces échanges et le stockage de données amplifient également, dans une certaine mesure, notre empreinte énergétique et nos émissions de gaz à effet de serre.

Au-delà des innovations technologiques précédemment mentionnées, je comprends que l’analyse approfondie des données compagnies, en partenariat avec celles-ci (Skywise), mais également d’autres études en cours (CleanSky) pourraient permettre de définir des modèles opérationnels plus performants et donc qui réduisent l’impact sur l’environnement. Cette analyse des habitudes pourrait, à mon sens, être bénéfique à divers niveaux de la société de consommation.

La communication apparaît essentielle, afin de rappeler aux utilisateurs que le transport aérien est sûr, notamment sur le plan sanitaire. Airbus a initié Keep trust in air travel, avec plusieurs partenaires, afin de sensibiliser et d’informer  le public. En toute transparence, Airbus a également récemment publié les émissions émanant  de ses appareils.

Personnellement, j’apprécie de pouvoir prendre l’avion pour voyager et j’ai envie de croire en la possibilité d’en limiter l’empreinte énergétique et écologique, et donc que les différentes initiatives en cours d’étude et de développement ouvriront la voie à un avion décarboné.

 

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ou aux alumnis de TBS Éducation qui souhaiteraient intégrer le secteur ? Quels talents leur recommanderiez-vous de développer ? 

A mon sens, et a fortiori avec le contexte que l’on connaît, les entreprises ont besoin d’être flexibles et réactives afin de rester compétitives. 

Aussi, toutes les qualités et compétences permettant d’amener l’entreprise à évoluer afin d’anticiper et toujours répondre au mieux aux besoins de ses clients sont clés. Je pense, par exemple, à la capacité à comprendre précisément les besoins des clients, internes & externes, à être curieux de tout, et à garder une ouverture d’esprit. Une expérience et des compétences diverses permettront de faire évoluer le rôle de chacun dans l’entreprise afin de répondre aux enjeux de celle-ci. 

Sur le plan technique, et à ma connaissance, des compétences en lien avec le développement, la consolidation et l’analyse de données, avec la cryogénie, l’hydrogène, l'électricité, et le développement durable, sont recherchées dans le secteur.





Auteur

Accompagnement de dirigeants en management de l'innovation
Management de projets complexes
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