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La reprise d'entreprise, une piste à suivre ?

14 juin 2016 Communauté

Un article intéressant, par Marie Nicot, le JDD !

Les PME en quête de jeune patron

A l'âge où tout diplômé songe à lancer sa boîte, Estelle Delmas, 24 ans, a pris les rênes de Stern, graveur parisien fondé en 1836.

Il y a huit ans, l'atelier qui imprimait les bristols de l'aristocratie, des ministères et des ambassades était voué à mourir. L'audacieuse a emporté l'affaire "pour une bouchée de pain". Cette diplômée d'un master 2 en restauration de patrimoine, issue d'une famille de papetiers, a conservé le savoir-faire haut de gamme au service de centaines de clients fidèles. Elle a aussi gagné la confiance des marques de luxe dans la joaillerie, la parfumerie… "Grâce à l'association de jeunes entrepreneurs Moov­jee, j'ai ajouté des compétences numériques, explique Estelle Delmas, qui emploie deux salariés. La reprise d'activité a des avantages. Je travaille avec la clientèle de Stern et je reprends les archives, composées de très beaux monogrammes et d'emblèmes réutilisables."

Simplifier la location-gérance de société

Estelle Delmas est un cas isolé. Les jeunes entrepreneurs préfèrent partir d'une page blanche. Le succès des start-up comme Blablacar ou Deezer, l'efficacité des incubateurs et les aides financières dynamisent la création ex nihilo. L'année dernière, les Français ont créé 525.000 sociétés, dont la moitié en autoentreprise. Dans le même temps, ils n'ont racheté que 30.000 PME et TPE. Or le rapport de la députée PS Fanny Dombre-Coste sur la transmission d'entreprise révèle que l'âge élevé de nombreux petits patrons justifierait la cession de 185.000 sociétés.

Des dirigeants qui hésitent à transmettre avant la retraite, des investisseurs indifférents, et la peur de l'échec gèlent le marché des cessions-transmissions. Conséquence : 30.000 autres PME-TPE mettent la clé sous la porte faute de repreneur. Plus de 37.000 emplois sont détruits chaque année, qui pourraient être préservés. Bercy souhaite réhabiliter l'image de l'acquéreur de PME, en finir avec la vision du vautour qui attend la faillite pour mieux dépecer. En septembre une nouvelle campagne de communication déclinera le thème "Pourquoi partir de zéro, quand on peut prendre de l'avance? Reprendre, c'est aussi entreprendre."

Le comité de pilotage, cofondé par Emmanuel Macron et Martine Pinville, secrétaire d'État au Commerce, est à l'origine de cette action qui vise à accroître de 20 % le nombre de TPE transmises dans les cinq ans. Un tiers pourrait être repris par les jeunes. Ce comité, qui réunit des pros du monde de l'entreprise (CCI, notaires, banques…) et des organismes publics, planche sur plusieurs pistes : simplification des démarches, adaptations fiscales, formations…

"Un jeune est le candidat parfait pour acheter un commerce ou une société de service, car il a de l'énergie et peu de charges familiales. Une TPE peut suffire à un célibataire, mais pas à un cadre de 55 ans qui cherche une deuxième carrière", observe Dominique Restino, fondateur de l'association Moovjee.

Créer un service civique entrepreneurial?

Pour faciliter la reprise d'entreprise par les moins de 30 ans, Fanny Dombre-Coste préconise de s'appuyer sur les dispositifs adaptés à la création de start-up notamment le réseau de 29 Pepite (Pôle étudiant pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat). Chaque Pepite associe une fac ou une grande école à des entreprises et des associations pour élaborer des business models, obtenir les conseils d'avocats, de comptables, de coachs… Le statut d'étudiant entrepreneur, en vigueur depuis 2014, permet de se lancer en toute sécurité avec un tuteur et une couverture sociale.

Pour compléter ce dispositif, l'association Moovjee et Fanny Dombre-Coste proposent de créer un service civique entrepreneurial pour que des moins de 25 ans peaufinent leur projet d'acquisition pendant une année. En janvier, François Hollande a souhaité que cet engagement pour l'intérêt général concerne 350.000 jeunes d'ici à trois ans. Une façon originale de donner son temps à la société.

Las, la reprise d'une TPE coûte plus cher – environ 200.000 euros – que la création d'une start-up. Pour lever ce frein, le comité de pilotage de Bercy a déjà simplifié le système de location-gérance de TPE, qui permettrait au futur patron de s'engager progressivement et sans se ruiner, car il loue avant d'acheter. Les banques accordent déjà des prêts d'honneur, et BPIFrance a conçu des prêts réservés à la transmission d'entreprise. Il existe aussi le crowdfunding qui permet de réunir des fonds via des sites Internet. "Il serait tentant d'adapter la fiscalité aux jeunes repreneurs, ajoute Fanny Dombre-Coste.




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